Masculinité(s) et virilité: contextes métropolitains et situations coloniales aux XIXe et XXe siècles

(in French and in English) With Edward BERENSON, professor of History (NYU), author of Heroes of Empire: Five Charismatic Men and the Conquest of Africa (U. of Califonia Press, 2010); Venita DATTA, professor of French (Wellesley College), author of Heroes and Legends of Fin-de-Siecle France: Gender, Politics, and National Identity (Cambridge UP, 2011); Christelle TARAUD, historian, author of Sexes et colonies. Virilité, “homosexualité” et “tourisme sexuel” au Maghreb (XIXe et XXe siècles) (Payot, 2009). Abstract: Dès la première moitié du XIXe siècle, dans toutes les métropoles coloniales, se développe l’idée de la colonisation comme « fabrique » d’hommes véritables et comme espace de régénération virile et nationale. Hiérarchies, espaces de sociabilités, rapports aux « indigènes », tout se construit sur une masculinité normalisée et hégémonique à laquelle on ne peut déroger sans perdre, avec sa qualité d’homme, un certain nombre de privilèges liés au statut de dominant. Par ailleurs, désarmés sur le terrain militaire dès la fin du XIXe siècle et conquis presque partout dans la foulée, les colonisés sont aussi délégitimés en tant qu’hommes. Considérés, en termes de sexualité, soit comme des « sodomites » invétérés, soit comme des « prédateurs sexuels » incontrôlables, les colonisés apparaissent d’autant plus dangereux qu’ils sont susceptibles de « contaminer » les blancs au travers, par exemple, de figures de la proximité et de l’intime comme les jeunes « boys indigènes ». Des deux guerres mondiales aux conflits de décolonisation, les colonisés entreprennent d’ailleurs une véritable mue qui les conduit à faire la reconquête de leur identité virile. Cette entreprise de revirilisation sera non seulement au cœur des indépendances mais constituera aussi l’un des points axiaux des nouveaux Etats fondés.

Event Image