LA QUESTION SCOLAIRE EN FRANCE
Jérôme Deauvieau, IFS visiting professor and sociologist at the ENS
First Seven Weeks, Sept.-Oct. Taught in French.
Pour désigner l’école française dans son organisation actuelle, le terme usuel d’« école unique » paraît tout à fait pertinent, s’agissant d’une institution ouverte à tous, proposant à chaque élève les mêmes programmes, les mêmes possibilités de parcours, et des maîtres formés à l’identique. De tous ces points de vue, l’école unique se présente comme celle de l’égalité des chances. Plus d’un demi-siècle après sa naissance, ce régime de scolarisation n’est cependant en rien devenu celui de l’égalité des chances. Pire, l’école française échoue à faire entrer dans la culture écrite une part importante des élèves, tout particulièrement ceux issus des classes populaires. Comprendre la production contemporaine des inégalités scolaires est aujourd’hui plus que jamais un enjeu scientifique et politique essentiel. C’est l’objectif principal de ce cours, qui est construit à partir de trois éléments. Le premier élément est une présentation de la façon dont certains sociologues « classiques », en France et aux États-Unis, ont pensé la question scolaire. Ce tour d’horizon est également l’occasion d’interroger les rapports entre la sociologie de l’éducation et des disciplines connexes – l’histoire, l’anthropologie, l’économie ou la linguistique – mais également des disciplines plus lointaines comme les sciences cognitives. En discutant les apports et limites de ces disciplines aux questions posées, il s’agira d’élaborer une perspective globale de sciences sociales de la scolarisation. Le second élément est une étude du régime de scolarisation qui débute en France au début des années 1960. Seront notamment abordées les questions suivantes : comment et sous quelles formes se construisent les structures scolaires au cours de cette période ? Que décide-t-on d’enseigner, à qui et selon quelles modalités ? Comment penser plus largement les rapports contemporains entre école et société ? Enfin, le troisième élément est une discussion d’une série de travaux classiques ou récents portant sur les divers acteurs de l’institution scolaire. Cet examen permet en retour d’étudier la façon dont se construisent des postures de recherche sur la question scolaire. Le cours est construit en trois parties. La première partie est consacrée à l’étude socio- historique du nouveau régime de scolarisation qui se met en place en France au tournant des années 1960. La seconde partie vise à interroger les grands déterminants des parcours scolaires, sous l’angle notamment des appartenances de classe, de sexe et de race. Enfin, la troisième partie est consacrée à l’exploration du monde enseignant en France, en interrogeant aussi bien les évolutions de ce groupe social que les pratiques d’enseignement elles-mêmes.
LE TOURNANT ÉMOTIONNEL EN SCIENCES SOCIALES
Christine Détrez, IFS visiting professor and sociologist of culture/novelist at the ENS-Lyon
Second Seven Weeks, Oct.-Dec. Taught in French.
Les vingt dernières années se sont caractérisées par un essor de publications, en sciences sociales, sur et autour des émotions, au point qu’on a pu évoquer un « emotionnal turn ». Alors que la sociologie semblait se définir par la sacrosainte règle de la « neutralité axiologique », avancée comme la garante de l’objectivité et de la rigueur scientifique, et que les émotions étaient ainsi reléguées dans le champ de la psychologie ou de la littérature, celles-ci se sont –enfin ?- constituées en objet légitime, poussant encore plus loin le projet de déconstruction des évidences. Le but de ce séminaire sera d’explorer les fondements théoriques, les exemples empiriques et les enjeux épistémologiques de la constitution de ce nouveau champ de recherche : la sociologie des émotions. Il s’agira en effet de s’interroger, dans un premier temps, sur les raisons historiques du rejet ou de la dévalorisation des émotions chez les « pères » de la discipline, tout en nuançant une opposition trop radicale entre ce tournant émotionnel contemporain et un temps classique de la sociologie affranchi des émotions. Nous explorerons ensuite les apports de la sociologie des émotions, depuis l’anthropologie jusqu’aux exemples très contemporains en nous posant la question de ce que peut la sociologie. Doit-elle se limiter aux variations sociales des expressions émotionnelles, ou son ambition peut-elle aller jusqu’à explorer les variations sociales des ressentis eux-mêmes ? En quoi la prise en compte des émotions vient-elle enrichir des thématiques classiques comme la sociologie politique, la sociologie de la culture, de l’enfance, du travail ou du goût ? Permet-elle d’explorer de nouveaux sujets, d’impulser des recherches originales –comme les enquêtes « familiales », d’inventer de nouvelles formes d’écriture ou d’édition, à l’instar de la nouvelle revue Sensibilités ? Enfin, toujours à partir d’exemples précis, nous réfléchirons sur la place du et de la chercheur.e dans cette prise en compte des émotions : les émotions ne sont-elles qu’un objet, sociologiquement construit, ou viennent-elles interroger la place, extérieure, surplombante, du ou de la chercheur.e, exigeant alors d’elle ou de lui d’être, également, « affecté.e » ?
ARCHITECTURE UNDER VICHY : DISCOURSE, POLICY, AND DESIGN
Jean-Louis Cohen, Sheldon H. Solow Professor in the History of Architecture at the Institute of Fine Arts at NYU
Taught in English. Cross-listed with Institute of Fine Arts.
Very few structures were actually completed during the four years of Nazi Germany’s occupation of France, between June 1940 and the autumn of 1944. However, this relatively brief period, during which the government was based in the remote spa of Vichy, has been an extremely intense one in the realm of architecture and city-planning. While reorganizing the architectural profession and its academic cradle, the École des Beaux-Arts, the State took control of the built production and transformed legislation, favoring a wide spectrum of reconstruction plans in which innovative solutions where tolerated and sometimes encouraged.
If Marshall Pétain’s call for a “return to the soil” and a general climate unfavorable to Modernist architecture opened the way to conservative designs celebrating regional traditions, a number of radical designers were able to divert the official policies and propose functionalist schemes for the countryside. At the same time, research was undertaken on standardization and prefabrication, which later cast a long shadow on postwar France, as most of Vichy’s legislation remained effective after the Liberation. Among the many architects at work during this short yet busy period, the trajectories of Auguste Perret, Michel Roux-Spitz, Eugène Beaudouin, Gaston Bardet and Le Corbusier abound in revealing and overlooked projects. On a darker note, the impact of Vichy’s racial laws was brutal, and some architects participated without restraint to their implementation and the spoliation of the Jews.
All these aspects will be considered in the class. No previous knowledge of architecture is required.
NINETEENTH-CENTURY FRANCE AND ITS EMPIRE
Ed Berenson, Professor of History and French Studies at NYU
This course is required of all M.A. and first-year Ph.D. students. Taught In English. Crosslisted with History Department
This course focuses on the revolutionary period of modern France, a tumultuous and creative time, a time of revolution and reaction, republics and monarchies, liberalism and centralized power. We will study this period in three principal ways: by learning about the various regimes, politics, ideologies, and social patterns that marked the era; by reading texts written during this time; and by analyzing selected works of present-day historical scholarship that help us understand modern France. As we build this understanding, our thinking will be guided by the following questions: Why was it so difficult during the century following the French Revolution for France to develop a stable political regime? Why, in this connection, did France irrupt into revolution in response to the problems it faced, and to what extent did the French Revolution define the nature and meaning of the period that followed it? Finally, what was the role of France’s empire, and how did colonialism square with the effort to build a stable republican regime?
INTERNATIONALISMS OR GLOBALISM: EUROPE IN THE 20TH CENTURY
Sandrine Kott, Visiting Professor of History at NYU
During the 19th century, at the height of the construction of European nation-states, competing internationalisms became powerful ideologies in Europe. After the First World War, Europeans were at the forefront of the creation of various international organizations and associations. They aimed at organizing the world, prolonging or protecting their dominant position - especially for the colonial powers - but also challenging or overthrowing this order as in the case of international communist associations. These internationalist ideologies and the associations and organizations that carried them multiplied after the Second World War and during the Cold War. Nevertheless, European states and citizens played a less and less important role in them. This withdrawal reflects the declining position of Europeans in a so-called global world, but it is also the result of the rise of globalism as a new ideology from the 1970s onward.